La production de semences et la sélection végétale sont aujourd’hui largement dans la main de quelques grandes multinationales. Depuis plus de soixante ans, elles développent une sélection végétale chronophage, nécessitant de lourds moyens financiers. Leurs choix variétaux répondent aux enjeux de l’agriculture industrielle, et sont en connivence avec les visées commerciales des intermédiaires, comme Coop et Migros.

Plus de 98% des semences de légumes poussant en Suisse sont importées. Il s’agit en grande majorité d’hybrides F1, même dans les cultures certifiées en agriculture biologique. Pour être concurrentielles sur le marché, les entreprises semencières délocalisent leur production et la commercialisent internationalement.

La biodiversité des plantes cultivées, les savoirs-faire paysans concernant la multiplication de semences et la sélection variétale sont menacés. Il est temps de reprendre nos moyens de production en main depuis la graine, et de construire une autonomie semencière pour les agricultures paysannes !Une production de semences locale nécessite un engagement de toute la filière. Les circuits courts le permettent.

Depuis 2019, l’association Semences de pays est engagée dans la construction d’un réseau de production de semences locale, à destination de la production maraîchère, chapeautée par l’association court-circuit. Aujourd’hui, quinze structures maraîchères, deux structures semencières et une structure productrice de plantons se réunissent chaque année afin de planifier la production, de choisir les variétés, de discuter des prix des semences et de leur qualité et des engagements de chacun-e-s. Une quinzaine de variétés est au catalogue de court-circuit et chaque année une dizaine de variétés sont testées par les maraîcher-e-s.

L’association court-circuit a comme objectif de regrouper une trentaine de structures maraîchères autour de la sélection et production d’une centaine de variétés. Il s’agit également de partager et transmettre les savoir-faire de la sélection végétale et de la multiplication afin de fournir des outils d’autonomisation pour produire des semences. Par exemple, le réseau effectue des comparaisons variétales et en diffuse les résultats. Ces différentes recherches et pratiques participeront à la réappropriation paysanne des choix variétaux et de la sélection végétale.

Pour une autonomie alimentaire, de la graine à l’assiette !